• Tes yeux ont la couleur

    Verte de l’espérance

    D’un matin qui commence

    Ils en ont la douceur

     

    Sur ta lèvre, le goût

    Poivré de la cannelle

    Petite fleur charnelle

    M’enivre plus que tout

     

    Au berceau de tes bras

    Les heures sont trop brèves

    L’attente de mes rêves

    S’invite sous tes draps

     

    Oh oui, rien que pour toi

    Des pieds jusqu’à la tête

    Je veux être poète

    C’est mon acte de foi.


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  • On pourrait citer de nombreux exemples de dépenses inutiles. Les murs des cimetières: ceux qui sont dedans ne peuvent pas   en sortir, et ceux qui sont à  l'extérieur ne veulent pas y entrer.

      

    Samuel Langhorne Clemens, dit Mark Twain

      

    Pourquoi mettre des murs autour des cimetières ?

    Ceux qui sont au dehors ne veulent y venir,

    Et ceux qui sont dedans ne peuvent en sortir

    Car ils sont retenus prisonniers sous les bières.

    Pourquoi mettre des murs autour des cimetières ?

     

    C’est pour, disent certains, les protéger des loups

    Qui, quand ils ont trop faim, déterrent les charognes,

    Mais n’est-ce pas plutôt parce que des ivrognes

    Quand ils sont avinés, feraient de mauvais coups ?

    C’est pour, disent certains, les protéger des fous.

     

    Peut-être, n’est-ce là qu’une ancienne croyance

    Sans preuve et sans raison, faisant encor débat :

    Les nuits de pleine lune, ils iraient au sabbat,

    Celui des nécromants où la Faucheuse danse.

    Ce n’est, bien entendu, qu’une ancienne croyance.

     

    Ce qu’on croyait jadis ne l’est plus aujourd’hui,

    Alors pourquoi ces murs autour des cimetières ?

    Pourquoi mettre nos morts derrière ces barrières

    Puisqu’aucun de cujus jamais ne s’est enfui,

    Ni dans les temps jadis, et pas plus aujourd’hui.

     


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  •  

    La scène se passe à l’auberge de Meung, célèbre pour avoir été le témoin de la première rencontre de d’Artagnan avec Rochefort et Milady de Winter.

    Cyrano y est attablé quand entrent deux jeunes gens, bruyants et hâbleurs.

    Passant devant Cyrano, l’un d’eux s’exclame :

     

    Avez-vous vu ce nez ? Mon Dieu, quel appendice !

    Avoir un tel museau doit être un vrai supplice.

    Il doit troubler la vue et capter des odeurs

    Que, seul, il est idoine à saisir les saveurs ;

    Oui, mais il doit aussi créer quelque dommage

    Car il trempe dedans à l’heure du potage !

     

    Cyrano

     

    Qu’avez-vous dit, Monsieur ? Ai-je bien entendu ?

    Pour bien moins que cela, j’ai déjà pourfendu

    Des cuistres impudents qui m’avaient fait offense,

    Je devrais vous tancer pour votre impertinence.

    Je veux bien, cette fois, oublier vos propos

    Qui pourront vous servir dans d’infâmes tripots

    Où, plus qu’assurément, ils seront à leur place

    Quand vous vous vautrerez parmi la populace.

     

    Le jeune homme

    (à son compagnon)

     

    Compagnon, entends-tu ce que dit ce maraud ?

    Me faire un tel affront mérite l’échafaud !

    Donnons à ce  faquin la leçon qu’il mérite…

     

    Cyrano

     

    Holà, jeune imprudent, n’allez donc pas si vite,

    Car vous n’êtes que deux, c’est fort insuffisant !

    Et battre des enfants serait peu reluisant ;

    A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire

    (il me semble déjà connaître cette histoire !)

    Pour bien faire, il faudrait que vous soyez à dix…

    Mais cessons, s’il-vous-plaît, tous ces salmigondis.

    Allons, excusez-vous, car parfois il faut mettre

    Un peu d’eau dans son vin…

     

    Le jeune homme

     

    Et devenir un traître !

     

    Cyrano

     

    Vous vous épargneriez ainsi bien des douleurs

    Et dans votre famille, éviteriez des pleurs…

     

    Le jeune homme

     

    Jamais !

     

    Cyrano

     

                     Alors, gagnons la cour de cette auberge

    Et là je vous ferai goûter à ma flamberge ;

    Ne pouvant supporter des insultes pareilles,

    Je vais devoir, Monsieur, écourter vos oreilles !

    Mais avant le combat, dites-moi votre nom

     

    Le jeune homme

     

    A quoi peut vous servir de connaître mon nom ?

    Je suis Raoul, le fils du comte de la Fère.

     

    Cyrano

     

    Bragelonne ! C’est vous ? Athos est votre père ?

     

    Raoul

     

    Quoi ! Vous nous connaissez ?

     

    Cyrano

     

                                                   Oh ! depuis très longtemps !

    Nous avions tous les deux des projets importants,

    Chacun de nous avait grande soif d’aventures,

    Mais ne sommes pas nés des mêmes signatures,

    Pour vous ce fut Dumas, pour moi, ce fut Rostand.

    Et notre renommée a traversé le temps.

    Eh ! dis-moi, ton ami sort aussi d’une histoire ?

     

    Raoul

     

    Oui, bien évidemment. Vous n’allez pas me croire :

    Le fils de Lagardère, un enfant de Féval !

     

    Épilogue

     

    Vous qui lisez ceci, trouvez-vous ça normal

    D’avoir fondu dans mon creuset ces personnages ?

    J‘entends Fabrice qui me dit : « tu déménages !»

     


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  •  

    Quand les réalités sévères,

    Plus tard, apportant la douleur,

    L'une après l'autre de son cœur

    Arrachent les douces chimères,

    L'âme du poète attristé

    S'abat, pareille à la tempête,

    Et poursuit d'une aile inquiète

    Un avenir désenchanté.

     

    Charles Dovalle (1807-1829)

    Le poète méconnu [extrait du recueil : Poésies de feu]

     

     

    Toi, lecteur inconnu, qui ne m’a jamais lu,

    Tu n’as jamais non plus dis de moi pis que pendre

    Et j’ai donc, de ce fait, un hommage à te rendre

    Puisqu’ainsi ton avis ne m’a jamais déplu.

     

    Qu’est-ce donc, diras-tu, que cet hurluberlu

    Qui parle avec des gens qui ne peuvent l’entendre ?

    Il est vrai, j’en conviens, que cela peut surprendre

    Et qu’on dira de moi que je suis farfelu.

     

    Bien sûr, à mon discours, tu restes impavide,

    Mais je ne suis pas dupe : il est plus qu’évident

    Qu’en m’adressant à toi, je parle dans le vide.

     

    Pourtant, il faut ici que je te remercie :

    Grâce au désintérêt dont je bénéficie,

    Des auteurs ignorés, je serai président.


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  •  

    La critique est aisée et l’art est difficile.

    C’est là ce qui produit ce peuple de censeurs,

    Et ce qui rétrécit les talens des auteurs.

     

    Philippe NÉRICAULT DESTOUCHES (1680 - 1754)

    Le Glorieux, Acte II, Scène V (extrait)

     

     

    Pour vous, mes bons amis qui, par un commentaire

    Me dites que mes vers ont eu l’heur de vous plaire,

    Je poste ce sonnet tout en alexandrins,

    Et de ce nouveau-né, vous serez les parrains.

     

    Certains trouvent mon style assez rudimentaire,

    Disent que je ferais beaucoup mieux de me taire ;

    Peut-être ont-ils raison, conséquemment je crains

    Ne jamais devenir un poète à tous crins.

     

    Faut-il dès à présent, pour autant, que je cesse

    D’écrire étant donné que j’ai mauvaise presse

    Auprès de ces gens-là ?

     

    « La critique est aisée et l’art est difficile !»

    Mais puisqu’à vos conseils, je veux être docile,

    Donnez-moi donc le La.

     


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