• Petite causerie sur le temps

     

    Aujourd'hui, je vais vous parler du temps.

     

    Mais duquel ? me demanderez-vous. De celui qui passe ou de celui qu'il fait.

    Et là, mesdames et messieurs, vous remarquerez combien notre langue est riche et économe : un seul mot pour deux notions aussi abstraites l'une que l'autre, alors que dans d'autres langues, il a fallu deux mots pour les différencier.

     

    Abstraites ! Le mot est lâché.

     

    Car qu'est-ce que le temps ?

    Nul ne le sait. De tous temps, les hommes ont essayé de les définir : les plus grands savants, les plus grands philosophes, les écrivains, les artistes...

    Platon y consacra beaucoup de temps, Einstein pensait qu'il passerait moins vite si l'on allait plus vite,  Proust recherchait celui qui est perdu et Brel l'a fait valser.

     

    Quant à moi, je ne m'étais jamais vraiment posé la question ; j'y pensais bien sûr de temps en temps, mais depuis quelque temps, comme j'ai plus de temps par les temps qui courent, j'y pense tout le temps.

     

    Avez-vous remarqué que le qualificatif suffit à déterminer de quel temps il s'agit ?

    Avoir du beau temps, c'est de l'un qu'on parle, tandis qu'avoir du bon temps, c'est l'autre ; par contre, avoir du mauvais temps n'est pas le contraire d'avoir du bon temps, mais d'avoir du beau temps ! Curieux non ?

     

    De même, si je dis "le temps change" vous savez duquel je parle. Mais au pluriel, " les temps changent", c'est l'autre !

    C'est ainsi que dans l'expression "après la pluie, le beau temps", il faut entendre que quand les temps changent, le temps change !

     

    L'autre jour, un ami me dit : "j'étais si occupé que je n'ai pas vu le temps passer".

    Rassure-toi, lui ai-je répondu, comme je n'avais rien à faire, je regardais par la fenêtre et je ne l'ai pas vu non plus !

     

    Quand rien ne va on dit "les temps sont durs", mais quand tout va bien, jamais je n'ai entendu dire "le temps est mou" !

     

    Mon père me disait souvent "Pour bien faire son travail, il faut prendre tout son temps".

    "Tout SON temps", pas celui d'un autre. Le temps est donc un bien personnel... et précieux, surtout quand il est bon. D'ailleurs, on ne le reçoit pas gratuitement, ne dit-on pas "se payer du bon temps" ? Et Voltaire disait : " le temps, bien trop précieux pour le perdre avec des sots".

    Eh oui ! perdre son temps, la hantise de ceux qui en ont. Comme l'argent.

    Il arrive cependant que, dans un moment de faiblesse, on en donne à autrui :"je veux bien vous donner un peu de mon temps". Oui, un peu, mais pas trop.

     

    Mais le temps passe et j'abuse peut-être de votre temps précieux.

    Merci de m'avoir accordé un peu de votre temps.


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