• Canicule

     

    C’est le temps des moissons, l’été commence à peine,

    Et déjà les épis qui mûrissent en plaine

    Se mettent à craquer, regorgeant de soleil.

     

    Depuis quand n’a-t-on vu pareille canicule ?

    La nature, immobile, attend le crépuscule

    Et semble s’abriter sous un profond sommeil.

     

    Dans un cercle magique, inondé de lumière,

    Un havre de verdure au sein de la forêt,

    Un étang se repose au bord d’une clairière,

    Auprès d’une futaie où rien ne transparaît.

     

    Aucun souffle de vent, seule  une herbe balance

    Quand un gros hanneton vient se poser dessus

    Et même les oiseaux respectent le silence,

    Ils boivent la fraîcheur des grands arbres moussus.

     

    Pourtant des travailleurs passent inaperçus,

    Actifs dans la fournaise avec indifférence,

    Peuple lilliputien des insectes issus

    D’on ne sait quel creuset, d’on ne sait quelle engeance.

     

    Un charançon du trèfle, attentif et discret,

    Évite de passer près de la fourmilière,

    Il s’en va titubant, puis il marque un arrêt,

    Dédaigneux du lézard qui dort sur une pierre.

     

    Le bousier ne sait pas que son sort est pareil

    A celui de Sisyphe : il roule sa pilule

    Dans cet antre putride où l’excrément pullule.

     

    C’est le temps où les blés blondissent au soleil,

    Il faut qu’avant ce soir la grange soit bien pleine,

    L’homme ne peut songer à ménager sa peine. 

     

     

    ___________________________

     

    Sonnet double à rimes palindromiques


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