Je voudrais être là lorsque tu prends ton bain,

M'asseoir auprès de toi, t'admirer en silence,

Tu ne remarqueras même pas ma présence,

Je serai sage et pur comme un vrai bernardin.

J'aimerai quand ta jambe émerge de la mousse

Dont les prudes îlots masquent ta nudité,

Et lorsqu'elle replonge avec rapidité,

Par jeu, pour se cacher, et qu'un jet m'éclabousse.

J'aime entendre le bruit léger du clapotis

Lorsque, remuant l'eau, tu fais des vaguelettes,

J'adore sur ton front les petites bouclettes,

Quand tes cheveux mouillés forment des frisottis.

Quand, pareille à Vénus, tu sortiras de l'onde,

Je ne peux te jurer de détourner les yeux.

Faudrait-il me montrer plus chaste que les dieux ?

Pourquoi devrai-je fuir les beautés de ce monde ?

Oui, je suivrai des yeux la goutte qui descend

Lentement dans ton cou, s'arrête... et continue,

Qui coule entre tes seins, glisse sur ta peau nue ;

Oh ! oui, je la suivrai, mais sans être indécent.

Je t'envelopperai dans un long baiser tendre

Et de mon souffle chaud, Je sécherai ton corps.

Et si, sous ma caresse, à la fin, tu t'endors,

Que ce soit sur Estime, au beau pays de Tendre.