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Je suis malade, un virus méconnu
S'immisce en moi, me ronge et me dévore ;
Je brûle alors que je suis presque nu ;
Quarante et un ! La fièvre monte encore !
Serais-je fou ? Car à certains moments
Mon delirium construit des utopies :
Je crois entendre au loin les hurlements
D'un loup, pareils aux plaintes des harpies.
Le papier peint qui tapisse les murs
A des dessins d'où sourdent les images
Des eaux du Styx et sur ses bords obscurs
Je vois mourir d'éphémères visages.
Si je m'endors, de nocturnes terreurs
Naissent alors, envahissent mes songes,
Monstres hideux, assassins, éventreurs,
Je ne sais plus s'ils sont vrais ou mensonges.
Heureusement, je suis à l'hôpital,
Près de mon lit, une garde me veille,
Par sa présence, elle a guéri mon mal :
Ce bel ange est une pure merveille.
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Antoine a revêtu son vieil habit de deuil
Et pour se protéger de la bise frisquette,
Il a mis une écharpe et baissé sa casquette
Sur son front pour cacher qu'il a la larme à l'œil.
Oui, car c'est aujourd'hui qu'on enterre l'Auguste,
Aujourd'hui que finit le voyage au long cours
Avec son grand ami, son copain de toujours ;
Ensemble, ils ont lutté pour un monde plus juste.
En mai soixante-huit, à Nanterre, à Paris,
A tue-tête, ils chantaient " C'est la lutte finale "
Et Dieu sait s'ils croyaient en l'Internationale !
Sur des jours bien meilleurs, ils prenaient des paris.
Quand les plus endiablés redevinrent dociles
Et que la vie reprit son train-train, comme avant,
Ils se sont demandés si tout n'était que vent,
Si leurs engagements étaient vraiment utiles.
Alors, désabusés, ils sont partis à deux
Pour faire le baroud aux quatre coins du monde,
Recherchant les pays où la révolte gronde,
Multipliant par jeu les exploits dangereux.
Action délicate, ou combat, rien à faire,
La mort ne voulait pas de ces deux casse-cous,
Et c'est finalement une vilaine toux,
Un banal mal d'enfant, qui mit Auguste en terre.
Antoine ne sait pas ce qu'il fera sans lui ;
Non, plus rien ne pourra le sauver du naufrage,
Il se sent affaibli, sans force ni courage,
Et ses jours à venir seront remplis d'ennui.
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