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    C'est un endroit charmant,  un petit parc tranquille,

    Un écrin de verdure où chantent les oiseaux,

    En son centre un bassin fait cascader ses eaux,

    Il est une oasis au milieu de la ville.

     

    "Larguez le perroquet, hissez les cacatois !"

    Un gamin s'imagine être le chef de hune,

    La petite fontaine est la mer de fortune

    Où vogue son bateau fait de deux bouts de bois.

     

    Tout près de là, juché sur un socle de pierre,

    Un poilu dont le bronze est couleur vert-de-gris

    Regarde le garçon ; au fond de ses yeux gris,

    Il songe à ce bambin dont il était le père.

     

    Plus loin, un chérubin pousse des cris joyeux,

    Il court sous le regard attendri de sa mère

    Assise sur un banc auprès d'une commère

    Qui se plaint que l'enfant perturbe trop les lieux.

     

    Complice, un marronnier protège de son ombre

    Les tout premiers émois d'un couple d'amoureux,

    Qui, pour cacher le feu de leurs désirs fiévreux,

    Se sont réfugiés dans ce petit nid sombre.

     

    Et régulièrement, du carillon voisin

    Tombe en gouttes le son des heures qui s'écoulent,

    Interrompant le chœur des pigeons qui roucoulent

    Et se pavanent, fiers, alentour du bassin.


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    Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime !

    Je ne sais quel écho par toi m’est apporté

    Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême,

    Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté.

     

    Louise Michel - (Hirondelle, extrait)

     

    En rêve, j'ai suivi le vol d'une hirondelle,

    Elle rasait le sol ou grimpait en chandelle,

    Puis il en vint une autre, et puis une autre encor,

    Et bientôt on les vit former une escadrille

    Qui dansait un ballet : on eût dit un quadrille ;

    Les oiseaux se croisaient et repartaient en vrille,

    Descendaient en piqué, puis remontaient d'essor.

     

    J'avais l'impression qu'il me poussait des ailes,

    Je prenais mon élan, m'envolais avec elles,

    Je voulais, comme Icare, approcher du soleil,

    M'élever haut, très haut, au-dessus de la Terre,

    Atteindre le Zénith, dépasser l'exosphère.

    Non, je ne craignais point l'espace délétère

    Mais redoutais surtout le moment du réveil.


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    Tes yeux sont un grand lac où se mire la lune

    Et scintille un essaim de paillettes d'argent,

    J'ai connu le bonheur d'atteindre, en y plongeant,

    Le rivage d'Amour qui borde leur lagune.

     

    Quand je sens m'effleurer la caresse du vent,

    Doux zéphyr parfumé de l'air que tu respires,

    Même les souverains des plus riches empires

    N'ont jamais éprouvé sentiment si puissant.

     

    Pareil à l'albatros sacré de Baudelaire,

    Porté par ton regard, je survole les flots

    Qu’éclaboussent mes vers de poussières de mots

    Mais suis si maladroit quand je me pose à terre !

     

    La mer peut s'assécher, le ciel peut s'obscurcir,

    Dans le lac de tes yeux, je veux vivre et mourir.


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         Mon baiser,

    Le veux-tu ? Rien qu'un Chérie,

    Un tout petit, je t'en prie,

    Oui, rien qu'un seul, juste pour

    Te donner le goût d'Amour.

     

       Ce baiser,

    Qui semble être peu de chose,

    Friandise que je pose

    Sur tes lèvres tendrement,

    Il te fait presque un serment.

     

        Un baiser,

    C'est une brise légère

    Qui te susurre « J'espère »,

    Un frôlement de Zéphyr

    Qui caresse et fait frémir.

     

        Un baiser,

    Soyeux comme un duvet d'ange,

    Détient un pouvoir étrange :

    Il te fait fermer les yeux

    Et t'élève jusqu'aux cieux.

     

        Ce baiser,

    Laisse-le, ma douce Reine,

    Effleurer ta bouche, à peine...

    Et si tu sens un frisson,

    Nous en ferons la moisson.

     

        Un baiser,

    Un seul, c'est trop peu de chose,

    Folie à Raison s'oppose,

    Pourquoi rester sage ? Alors

    Viens, je couvrirai ton corps

       De baisers !


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    Le Temps coule, au début, comme coule un ruisseau,

    Il s'amuse, il musarde au gré de sa jeunesse,

    Il badaude, il se sent libre comme un oiseau

    Et le Temps prend son temps puisque rien ne le presse.

     

    Il gonfle, il s'amplifie et devient un torrent,

    Il se heurte aux rochers, il bouillonne, il écume,

    Il attaque le monde, il veut sortir du rang

    Mais, petit à petit, sa fureur se consume.

     

    Après avoir franchi des jours, des mois, des ans,

    Son flot tumultueux se montre plus docile,

    La rivière du Temps, sous des cieux apaisants,

    Sommeille dans le lit d'un long fleuve tranquille.

     

    Quand, plus tard, il verra le feu du dernier port

    Eclairer le chenal de la Mer de silence,

    Mer de l'éternité qui s'appelle la Mort,

    Le Temps retournera dans le néant immense.


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